JEAN ZWYROWSKY
dict "Zwyrowsky" ou "le Goupil"
(+1458)
Fils de Mathias Zwyrowsky* (+1453 près Nevers)
Frère de Marc* (+1453 près Nevers)
Épouse Espoire d'Amilly le 11 octobre 1456 (+1458, Marsanne)
Père de Thomas et Laetitia-Tempérence*
TITRES ET DISTINCTIONSVicomte de Crots
d'or au dauphin d’azur, crêté, barbé, loré, peautré et oreillé de gueules qui est du Dauphiné, accosté des lettres S et L capitales de sableBaron de Saillans
parti d'or et de sinople, endentés l'un dans l'autreSeigneur de Ribiers
de contre-hermine au chef d'or, la pointe de gueules brochant sur le toutpar alliance, baron de Marsanne
de gueules au lion d'or armé et lampassé de même, le chef du même chargé de trois quintefeuilles d'argentGrand-Officier civil et Croix militaire de l'Ordre de Sainct-Georges
Citation à l'ordre de la garnison de Briançon et de l'Ost
TITRES & FONCTIONS PASSESAmbassadeur du Dauphiné auprès de l'Armagnac
Copiste à l'Institut Royal de politique
Honorable Membre de l'Alliance Pour le Dauphiné
Correspondant de l'AAP
Marchand Ambulant du Dauphiné
Secrétaire général de l'Alliance Pour le Dauphiné
XVe Gouverneur du Lyonnais-Dauphiné
Chancelier du Dauphiné
Conseiller Militaire du Dauphiné
Porte-Parole du Dauphiné
Diacre de Lyon
Capitaine du Dauphiné (à deux reprises)
Maitre-Armurier du Dauphiné
Membre du comité d'organisation (archerie) du 4e GFC
Membre du comité d'organisation (archerie) des fêtes du Transfert du Dauphiné à la France
Seigneur des Lances de Briançon
BIOGRAPHIEJean Zwyrowsky apparait dans les chroniques en l'an de grâce 1453 de notre Seigneur, en le duché de Bourgogne. La paroisse de Semur en Auxois indique avoir recueilli "
un homme adulte superficiellement ensanglanté à la tête et au bras, sur la vingtaine, de bonne taille et constitution, portant haillons et dépourvu, ayant tout perdu de mémoire fors son nom, qu'il dit être Jean, et le nom de son père, Zwyrowsky, semblant sans feu ni lieu mais d'allure honnête et travailleuse tant qu'il fut mis à l'embauche aussitôt". Un autre document, quelques mois plus tard, archivé à la prévôté de Nevers, voit comparaitre les meneurs d'une petite troupe d'écumeurs de grands chemins, pour, entre autres forfaits "
les vols, assassinats et meurtres des voyageurs estrangers retrouvés morts et dépouillés par la forêt sise entre les sénéchaussée de Nevers et de Semur, connus par l'effet de leur livres de compte comme étant Mathias et son fils Marc Zwyrowsky, ci-devant marchands de drap entre Milan et Troyes", et nous permet d'apprendre et de confirmer le peu que nous savons de sa filiation et des circonstances de sa venue en France.
Le patronyme indique probablement une origine morave, les guerres hussites du début du siècle ayant poussé alternativement les civils des unes et autres parties à l'exil au gré des batailles. Jean Zwyrowsky lui-même supposait sa famille réfugiée en terre impériale, en Hongrie ou en Italie du nord, affiliée au parti impérial et aristotélicien. Il ne put toutefois jamais le prouver, ni y retrouver d'autres parents encore vivants, malgré le poids de ses fonctions diplomatiques. On ne peut donc pas exclure que la famille ait trouvé refuge en des terres plus tolérantes, au marches de l'Empire - Provence ou Zélande par exemple - ou même dans le territoire d'ennemis de la couronne - Venise ou Florence.
Quoi qu'il en soit, en voyage d'affaire avec son père et un frère, il survit à l'embuscade, blessé, inaugurant par là une série de blessures reçues en divers endroits qui constitueront l'essentiel des maux physiques dont il aura à souffrir - goutte exceptée - et finalement sa fin :choc d'un projectile de fronde à la tête en 1455, trépané en urgence par dame Altea, physicienne de renom et rectrice de la faculté de médecine de Lyon, blessure au flanc au tournoi de Bourgogne en 1456, blessure au bras droit reçue à la bataille de Rennes pendant la deuxième guerre de Bretagne, et finalement la triple blessure, dont une mortelle, dans le guet-apens de Briançon en 1458.
A Semur, il semble s'être principalement consacré à sa convalescence, ayant acquis le peu de bien nécessaire à un départ pour Briançon, lorsque le Lyonnais-Dauphiné repassa sous la férule royale, qu'il expliquait comme un appel, ayant eu "le sentiment que ces montagnes des marches lui étaient familières, comme bien connues de lui". Bien qu'il ait pu s'agir d'un souvenir de voyage, ou d'un simple et désir de quitter une province accueillante mais marquée, inconsciemment, par le sang familial, il partit en effet. Décision qu'il compléta, après quelques temps sur place à apprendre le dur métier de la forge, d'un engagement dans l'ost ducal auquel rien non plus ne semblait le prédestiner, sinon peut-être un ennui que nul nouveau départ ne pouvait résoudre.
Ce fut pourtant cet engagement qui le sauva, et lui permit de reprendre le cours d'une vie organisée et dévouée à une cause, celle de sa province d'adoption. Auprès du seigneur des lances Wahl, il fait preuve de ses qualités d'organisation et monte rapidement en grade, jusqu'à prendre sa succession quand celui-ci est démis pour avoir tancé les écarts de ses supérieurs. Jean Zwyrowsky participe alors aux réformes entreprises dans l'ost ducal par le gouverneur Wulfen et le capitaine Urbs, et sera de ceux qui auront à les imposer et les adapter à la pratique. Il côtoie alors deux autres grands noms de l'ost, ses pairs Strakastre (seigneur des lances de Die) et Kalten (à Vienne), et leur complicité l'entraine bientôt, avec l'appui de leur ex capitaine Numalane de Massigny, vers la politique ducale, dans l'intention initiale d'y défendre et de poursuivre le travail entrepris, à l'époque fort critiqué.
A peine deux ans après son entrée dans l'ost, le jeune Zwyrowsky, déjà conseiller militaire, s'en retrouve le capitaine lors de l'empêchement de son ami Kalten d'en exercer les fonctions. S'il n'exercera qu'un mandat et demi, loin de la longévité des Gem ou Nynaeve à ce poste, ces trois mois n'en sont pas moins marquant, l'aboutissement du travail des mois précédents étant acquis par la participation brillante et organisée d'un fort contingent ducal à la première guerre de Bretagne, fort controversée sur le moment, mais source d'une renommée durable et d'une expérience irremplaçable.
Cette première campagne représente aussi pour le capitaine Zwyrowsky le premier contact avec les sphères du pouvoir royal, et la source des premières déceptions pour cet homme aux loyautés choisies. Si la qualité du commandement opérationnel pallie aux autres carences, le Goupil déplore pour la première fois le mépris des officiers royaux pour leurs homologues provinciaux, leur difficulté à coordonner mais aussi à utiliser les qualités des osts ducaux, et, nourrissant par contraste son amertume, la faiblesse intrinsèque de l'ost royal.
Son mandat est interrompu brutalement par l'agression subie dans une rue de Lyon, dont il ne sera sauvé que d'extrême justesse par la grâce d'Aristote et les mains expertes de la maitresse physicienne, dame Altea. Après une nouvelle convalescence, il reprend ses activités publiques aux côtés de ses amis Alynérion, Carnil, Freyelda, gardant une place de choix de conseiller militaire à l'ost, mais s'orientant progressivement vers le domaine plus large de la stratégie et des relations. Il entre à Mercurol, la chancellerie ducale, et est bientôt porte-parole ducal. L'une et l'autre fonction voient s'exercer son énergie, et il supervise la réfection du castel de Lyon avant d'être nommé vice-chancelier, puis chancelier ducal. Ces dernières fonctions, exercées dans le contexte crucial de la guerre tourangeo-berrichonne et du passage de la compagnie Libertas, lui servent de tremplin pour être élu XVe gouverneur du Lyonnais-Dauphiné, en janvier 1456.
Son mandat de gouverneur est l'occasion entre autres d'une refonte de la coutume ducale, avec l'aide de Walan, qu'il surnommera "sans-repos", et de l'organisation brillante d'un concours artistique (poésie, peinture) qui ne sera pas égalé au niveau royal avant 1458, et qui nous permet de conserver le portrait de Jean Zwyrowsky, sous la main de Pietro_Montevecchio. La fin du mandat est hélas ternie, au cours d'une brève absence du gouverneur, par les conséquences financières désastreuses de l'absentéisme de plusieurs conseillers. Encore aggravée par la suite par la seconde guerre de Bretagne imminente, et par les réformes financières royales, cette crise budgétaire donnera lieu à de violents échanges partisans, à des mises en accusations réciproques, qui ne seront pas sans traces pour celui qui ne sera jamais contesté, mais gardera toujours le sentiment de sa responsabilité de gouverneur. Bien qu'il ne se soit jamais exprimé ouvertement à ce sujet, et que sa décision de ne pas briguer un second mandat ait été bien antérieure, il semble que Jean Zwyrowsky ait été extrêmement affecté par la défection d'un de ses colistier au moment crucial de l'affaire, aussi bien que par la violence des réactions subies de la part de ses adversaires, et ait de ce moment décidé de se distancier de la mêlée des combats politiques.
Il est possible aussi que cet échec et cette déception l'ait convaincu de participer activement à la seconde guerre de Bretagne, accompagnant à frais personnels le contingent dauphinois à l'exemple d'autres nobles dauphinois, et ce malgré les premières controverses l'opposant publiquement aux officiers royaux, notamment à son ami désormais connétable Strakastre, qui avait mis en doute la fidélité et la valeur de l'ost ducal (ballade des "
trois lys d'or").
Sur place, il participe à la reconquête de Laval, puis à la prise de Fougères, visite régulièrement le Grand Maitre de France dont on peut penser un temps qu'il est apprécié, et se bat à la bataille de Rennes, à laquelle il est blessé, et enfin à la poche de Fougères, dans laquelle les troupes françaises subsistantes se réfugieront jusqu'à l'arrêt des combats.
Il tirera deux conséquences de son séjour, la première en le troisième amour de sa vie après la séduisante briançonnaise Ozanne, et sa vassale Magelan de Grandson. Amour le plus achevé, en la personne de la belle et sage Espoire d'Amilly, rencontrée à Mercurol et dont il avait apprécié le frère, Bastien, au conseil ducal (ballade "
le rêveur de Fougères"). L'autre conséquence est son basculement dans une critique publique des institutions royales, allant parfois même jusqu'à mettre en cause la conduite même de la personne royale dans son absence ou sa pâleur, et la forme du lien entre le duché du Lyonnais-Dauphiné et la Couronne (la fidélité fondamentale du premier à la seconde n'étant jamais discutée).
Après un fastueux mariage quelques mois après son retour à Lyon, il s'installe dans une semi-retraite lui permettant de jouir de la vie de pater familias, avec son épouse et ses deux enfants, Thomas et Lætitia-Tempérance. Il continuera également de dispenser, de temps en temps, conseils et idées à ses amis politiques. Son dernier grand œuvre sera l'évolution de l'Assemblée Nobiliaire, qu'il voulait voir remplir le rôle de conseil et de remontrance d'une chambre haute auprès du gouverneur, tirant parti de l'expérience et de l'apaisement de ses honorables membres.
Attristé par l'affaiblissement du duché et du royaume et de leurs dirigeants, confronté à la guerre en Provence aux portes de ses terres de Ribiers qu'il désapprouve, Jean Zwyrowsky est bouleversé par l'accouchement compliqué de Lætitia-Tempérance. Il n'aura toutefois par le temps d'en apprendre l'issue fatale, assassiné sur la route de Briançon par des maraudeurs dont l'intention et l'origine n'est, à ce jour, pas établie. La mort des deux époux, à quelques dizaines de lieues de distance et quelques dizaines d'heures d'intervalle, clôt tragiquement une période du Lyonnais-Dauphiné, laissant le soin à leur fils Thomas de poursuivre leur œuvre et d'accomplir son destin.
"
Fourbe" et "
brutal" selon quelques adversaires, accusé parfois d'être "
parjure" et "
félon" (accusations certes jamais défendues ni sur le pré, ni en cour), tous reconnaissaient à Jean Zwyrowsky une intelligence et une énergie appréciable... ou redoutable, comme le prouvera la surveillance demandée par le Grand Maitre de France à Argael Devirieux, ami mais aussi adversaire du Goupil à la fin de sa vie. Jean Zwyrowsky était connu pour sa rigueur et son orgueil était notoire, mais tempéré par une certaine chaleur s'exprimant à tous ceux qu'il estimait, et une simplicité pour tout ce qu'il estimait lié à sa personne plutôt qu'à un grade ou une fonction. Bien qu'il ait fait preuve comme capitaine d'une autorité bien jugée, sa connaissance des hommes valut à la taverne rénovée de l'ost d'être baptisée de son nom après l'attentat de 1455. Son courage physique, rarement mis à l'épreuve, ne fut pris en défaut ni en Bretagne, ni en tournoi, ni lors de l'ultime combat pour sa vie. La chronique dauphinoise de la bataille de Rennes, rédigée quelques mois après les faits, signale ainsi: "
de même le vicomte de Crots, servant à pied dans l'assaut, lors qu'il se trouvait avancé, fut entouré d'ennemis, et se trouva navré au bras droit et sans épée. C'était cependant que l'ost royal était pressé de toute part, et se trouvait en proie à ses ennemis. Ici pourtant, les Dauphinois les derniers, une fois encore, gardaient leurs rangs, et parmi d'autres, le sire Zwyrowsky, abrité derrière son écu, exhortait les gens d'armes autour de lui, à l'imiter pour ne pas tourner en débâcle, et ils firent ainsi que leur noblesse le leur commandait pour regagner le camp de Fougères", tandis que le mémoire de la prévôté ducale de Briançon rappelle que "
messire le vicomte de Crots est mort assassiné, navré de plusieurs coups dont la plaie portée au côté de la mamelle gauche a été seule décisive, non sans s'être fait justice en faisant périr de malemort en combat de mêlée ses trois assaillants, ce dont aucun n'a réchappé".
Enfin, son goût pour les arts, que ne peut expliquer sa carrière dauphinoise, était bien connu, s'exprimant aussi bien par la diffusion des œuvres contemporaines (son hostel lyonnais étant réputé pour sa petite collection de copies d'œuvres picturales et d'ouvrages littéraires et techniques), leur récompense en tant que gouverneur, ou encore leur création: on connait de lui une dizaine de poèmes entre 1455 et 1458, les plus fameux, outre ceux mentionnés ci avant, étant "
L'étranger" ou encore "
Espère". Son "
Manuel d'équipement des armées modernes" fut en usage dans l'ost entre 1454 et 1457 et il établit un "
Mémoire sur la politique dauphinoise" à l'intention de l'Académie Royale de Politique. Enfin, la première carte précise du Dauphiné ("
Novelle carte du Lyonnais-Dauphiné tel qu'en ses villes, haut-lieux, fiefs, ressources, lieux-dits et autres lieux"), à la fois à usage militaire, nobiliaire et scientifique, fut établie par lui et fit référence jusqu'à sa mort.